mercredi 2 novembre 2011

Le passé n'est que poussière





Le passé n'est que poussière de l'âme et l'avenir spéculation de l'esprit.


Ou quelque chose dans ce genre là.


C'est bête, je ne parviens absolument pas à me souvenir où j'ai lu (entendu) cette phrase dont j'ai approximativement retenu les mots. Grosso modo l'idée est là. 


Cette phrase correspond parfaitement à mon état d'esprit en ce moment. Elle revient régulièrement et gentiment me hanter dès que je permets au passé de reprendre le dessus avec tout son tralalas encombrant de fioritures, j'ai nommé (dans le désordre) : la culpabilité, les regrets, les remords, la nostalgie (pourrie la nostalgie, vraiment c'est un sentiment tout pourri), les questionnements sans fin, les "et si", la rancune, l'amertume et la rage.


C'est quoi finalement le passé ? C'est quoi tout ça ? Ca n'est plus rien du tout, ça n'est vraiment que poussière. Et le passé ne joue dans ma vie présente que le rôle que moi je lui permets de jouer


Je crois que c'est l'une de mes plus grandes découvertes. Le passé n'est pas un manteau ou une valise qu'on est obligé de se traîner tout au long de sa vie. C'est ce qu'on entend, ce qu'on nous fait croire, mais à tout moment on garde la liberté de le poser ce fardeau. Le poser, que dis-je : le soulever, le regarder, l'accepter, puis le laisser, voir le jeter, le brûler. 


S'alléger.


Et faire cela définitivement, naturellement, automatiquement.


J'ai fait un rêve, ou plutôt des rêves, il y a un peu plus d'un an. J'en reparlerai sûrement parce qu'il faut que je les fixe dans un récit. J'en ai envie même si j'appréhende de mettre des mots (forcément réducteurs) sur une expérience aussi incroyable que celle-là.


Dans mon rêve, quelqu'un (un homme, Dieu ? l'Univers ? la Vie ? on s'en fiche après tout) m'emmenait dans un jardin, mon jardin en fait, celui en bas de la maison. Pareil et pas pareil. Un coin du jardin était complètement sec, aride, poussiéreux, désertique, assoiffé je dirais. On ne m'a rien dit, mais en entrant sur cette petite parcelle de terrain je comprenais que je (re)posais les pieds dans ma propre enfance. 


Seigneur, que ce sol était sec, désolé, stérile et triste... En comprenant qu'il s'agissait de mon enfance, de mes parents, de moi petite fille, je me mettais à pleurer abondamment. Je pleurais en rêvant, en dormant. J'ai vraiment pleuré, pas seulement dans mon rêve, mais aussi dans mon lit. De gros gros sanglots de profonde tristesse et de désespoir total devant le spectacle de désolation qui s'offrait à moi. Non que j'ai eu une enfance malheureuse hein, il ne s'agit pas de ça. Mais elle était spirituellement très très aride. Humainement aussi, d'une certaine manière.


Je pleurais, mes larmes roulaient sur le sol craquelé par la sécheresse et... elles étaient aussitôt happées par l'aridité du lieu. Aucune chance qu'elles fertilisent quoi que ce soit : le sol était bien trop sec et hostile pour cela. Mes larmes étaient inutiles


J'esquissais alors quelques pas sur le côté, là où l'herbe était verte. Mes larmes roulaient sur la grasse prairie et miracle ! Tout  fleurissait. Le vert se teintait de couleurs magnifiques, luxuriantes, brillantes, joyeuses. Quelques pas à nouveau sur le côté... et le désert recommençait à boire mes larmes sans rien espérer en retour. 


Des larmes perdues, en vérité.


Et à côté, tout ce vert, c'était quoi ? Mon âme ? Mes enfants ? Mon homme ? Un peu de tout ça ? Aujourd'hui je comprends qu'au-delà des personnes qui me sont chères, cette prairie verte dont je dois me préoccuper c'est mon présent, tout simplement.


C'est marrant parce que des mots comme "Carpe diem", "enjoy", "profiter du présent", "seul le moment présent compte", ce sont des choses que j'ai entendu maintes fois, que j'ai moi-même prononcées. Mais ce sont des phrases que j'ai dites sans les penser, comme ça, parce que ça se dit. Comme on répète les paroles d'un Ave Maria sans s'en imprégner jusqu'au fond de l'âme. 


Maintenant je regarde ces phrases d'un tout autre oeil. J'essaie de les "vivre". Je les ai vues vivre. J'ai vu mon passé si sec et si dévoreur de larmes inutiles. Oui, ce n'est que poussière le passé. C'est juste un petit bout de jardin sec qu'il est inutile d'arroser, ce serait perte de temps et gaspillage d'eau. Le passé est un ogre qui nous dévore la cervelle, le coeur et nous empêche de profiter du moment présent.


Alors que cultiver le présent rapporte des fleurs vraiment merveilleuses.


Il était rude ce rêve. J'en ai beaucoup pleuré, parce que ça fait pas plaisir de regarder en face des évènements qu'on a toujours cru très heureux, en se disant qu'il est capital de s'en souvenir dans les moindres détails, et finalement découvrir qu'ils sont comme du sable sec qui file entre les doigts et qui n'a aucune espèce d'importance. 


Mais ce rêve m'a montré ce que je devais faire. 


Vole poussière, détache toi de moi !




Crédit image : The Complete Truth

7 commentaires:

  1. Je m'attendais pas à tomber sur un article tel que celui-ci en me promenant sur Hellocoton mais c'est comme des mots dont j'avais besoin ce soir de lire.

    Merci.

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  2. C'est un très beau compliment que tu me fais, je suis touchée. Merci. Et à bientôt.

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  3. Tu viens de me donner une belle claque. Une très belle claque.

    Merci pour cet article, pour ton rêve, pour tes mots qui remettent un peu d'ordre là où il faut :-)

    Bonne journée à toi ♥

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  4. Le passé, ce n'est pas seulement de la poussière. C'est tout ce qui te constitue par expérience et qui représente ton présent de par ton existence. Si ton passé n'existait pas, tu serais une coquille vide.

    Je ne sais pas pourquoi tu dis que la "nostalgie est un sentiment pourri", c'est souvent très beau la nostalgie. On ne se réconforte pas avec des souvenirs déplaisants.

    peut-être que tu n'as surtout jamais réussi à accepter et à te réconcilier avec une partie de ta mémoire.

    Le passé, ce n'est pas ce qui est très loin derrière toi. C'est aussi parfois un instant heureux qui s'éloigne peu à peu, et qui te donne le courage d'avancer, juste parce que ces souvenirs là sont un trésor.

    Bonne chance en tout cas.

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  5. J’espère que tu écris un livre... en tout cas ce très bien écris.

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  6. Très bel article.
    Eviter de ressasser, oui. Mais garder en soi les jolis moments cela rend plus fort aussi.

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  7. Magnifique cet article... Partage, encore et encore, tu le fais si bien...

    Ps : petit détail, pense à aller dans les paramètres de ton tableau de bord Blogger, puis dans "commentaires" et regarde l'option "Qui peut ajouter des commentaires ?" Là, coche "Tout le monde", car sinon, seuls les gens inscris sur google peuvent te laisser un message et pas les autres.

    Bisous ;)

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