mardi 17 janvier 2012

Petit cerveau deviendra Grand coeur





Il m'appelle Petit Cerveau.
Il me dit d'écouter et de regarder avec mon coeur.
Il trouve que je me pose trop de questions.
Il me conseille de respirer en carré : inspirer, retenir huit secondes, expirer, retenir huit secondes


Il me dit aussi que j'ai changé.
Et ça, ça me fait plaisir.


Avec mes petits yeux humains je regarde le chemin derrière moi. Je soupire, découragée. J'ai l'impression d'avoir effectué si peu de pas ! Je regarde mes pieds qui bougent sur place, comme lorsque, petite, j'essayais sans succès de courir dans l'eau. Ma lenteur et mon immobilité désespèrent ma tête, exaspèrent mon mental.


Alors je me penche un peu vers mon coeur et j'essaie de faire taire mes pensées. Ca n'est pas chose aisée, ma tête étant extrêmement bien dressée à produire sans arrêt des images, des idées, des phrases, des analyses alambiquées et compliquées. Mon cerveau tricote, dissèque, étudie, déchiffre, décrypte et raisonne. C'est pas de sa faute, le pauvre. On l'a élevé pour ça. Grassement nourri de croyances, gavé de démonstrations scientifiques et pétri de principes qu'il était, mon cerveau.


Alors indulgence pour lui, s'il vous plait.


Quand j'arrive à faire taire le brouhaha de ma cervelle, mon coeur se fait tout doucement entendre, comme un petit frémissement. Aussi fragile que le coeur d'un poussin qui battrait dans le creux de ma main.


Mon coeur, lui, me dit que j'ai avancé. Et même plus que ce que mon cerveau veut bien me faire croire.


Je "sais" que je suis en chemin.
Je "sais" que la lumière est au dessus de ma tête.
Je "sais" que l'Esprit est avec moi.


Je ne ressens pas que l'Esprit "est" moi, mais ça, je sais que c'est l'étape suivante.


Comment je le sais ?
Je n'en sais fichtre rien, mais c'est bon d'avoir au coeur une certitude que le cerveau est bien incapable de démontrer, et qui n'en est pas moins indéboulonnable !




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mercredi 23 novembre 2011

C'est quoi l'amour inconditionnel ?





J'en ai déjà parlé ici, et j'y reviendrai sans doute à plusieurs reprises, j'ai fait des rêves très marquants il y a un peu plus d'un an. Ces rêves constituent en réalité un seul et unique rêve. Mais en plusieurs fois. En plusieurs épisodes imbriqués si vous préférez.


C'est un peu comme un puzzle, avec des pièces contenant chacune un message qui pourrait se suffire à lui même. On peut regarder chaque pièce à l'infini, en admirer la perfection et y redécouvrir de nouveaux petits détails à chaque fois. Mais le plus merveilleux et le plus étrange aussi, c'est que ces pièces s'imbriquent les unes dans les autres et produisent un tableau général tout simplement magnifique, parfait, complet, lumineux.


Il me paraît difficile de vous décrire avec des mots l'ensemble du puzzle. C'est quelque chose de surnaturel, trop magnifique et trop grandiose pour se contenter de mots et de phrases.


Mais je peux décrire les pièces du puzzle. 


L'une d'entre elle concerne l'amour absolu. L'amour inconditionnel. L'amour divin. L'AMOUR non pas avec un grand A, mais avec un grand A, un grand M, un grand O, un grand U et un grand R


Dans mon rêve je rencontrais, tout au fond de mon coeur, une personne qui était mon âme soeur, mon amour, ma destinée, ma moitié, ma flamme jumelle. Peu importe le mot. Cet homme me montrait son coeur, beau, énorme, chaud, parfait, sublime, rouge. Magnifique et rempli d'amour. Et ce coeur c'est moi qui l'occupais. C'était ma demeure. J'en étais la reine. 


A côté de cela il y avait mon coeur à moi. Petit, sec, étroit, froid, dur, triste, replié. Une sorte d'avorton de coeur qui avait grandi tant bien que mal, affamé, assoiffé et gelé. Il ressemblait à une noix. Par la taille, par la forme, par la sécheresse et par la couleur. Et c'était Sa demeure à lui. Celle dont il se contentait, attendant avec amour que mon coeur se déploie et se mette à battre correctement. 


Je rougissais de honte.
Quel fossé entre nos coeurs !


Mais Celui qui m'aimait ne me jugeait point. Il m'aimait, c'est tout. Gratuitement. Sans rien attendre en retour.


Il me posait alors une devinette : "L'amour inconditionnel, c'est quoi ?"
J'avais 5 minutes pour répondre et si je ne trouvais pas la réponse à cette question essentielle, tout disparaîtrait : le coeur énorme et chaud dans lequel j'étais bercée en secret. Ma vie actuelle. La douceur de mon foyer. Tout.  


Je réfléchissais à toute vitesse. Le coeur occupé uniquement à battre, le cerveau en ébullition, cherchant dans les recoins de mes neurones la réponse à la question. Et dans mon rêve, pendant que je réfléchissais à m'en rompre les tympans, tout mon paysage disparaissait peu à peu : la maison, le jardin, le coeur, les gens que j'aime, les arbres, les fleurs, le ciel... C'est comme si tout se figeait, s'asséchait, s'effritait et se transformait en cendres. Un peu comme dans un film d'épouvante. Sauf que c'était ma propre vie qui partait ainsi en poussière !


Je réfléchissais de toutes les forces de ma tête (et pas de mon coeur, hélas), affolée par les secondes qui défilaient en pulvérisant ma vie...


Ca peut paraître bête, mais ce rêve était vraiment très intense. Je vivais tout cela et pour moi il n'y avait aucun doute, ma vie allait disparaître si je ne trouvais pas la solution de l'énigme. 


D'ailleurs je ne l'ai pas trouvée.
Non.


J'étais en bas du muret en haut duquel notre maison est perchée. La maison, le muret, le jardin, tout était parti en fumée.
Il ne restait plus que cette branche de vigne sauvage qui pendait, verte et rouge, vers moi, et dont la poussière grignotait le long de la tige. Puis feuille par feuille. Jusqu'à la pointe.


Je cherchais encore.
Las
Elle disparut à son tour en poussière.
Fini
Vide, froid, néant, solitude.


Quand soudain... il y eut comme un énorme VROUUUUFFF. 
Le film s'inversa.
Tout reprit des couleurs. Tout revint à la vie. Depuis la vigne sauvage qui penchait la tête vers moi jusqu'à la maison, au jardin, au ciel. Tout redevenait comme avant. En mieux même, puisque j'avais cru le perdre.


Celui qui m'aimait me dit "voilà, c'est ça l'Amour inconditionnel".


Ne pas poser de condition. Pas de critères. Pas de clause. Pas d'alinéa. Pas de reçu. Pas de crédit. Pas d'intérêts à payer.
Et pas de devinette.
Evidemment, pas de devinette. Bête que je suis...


Mais quelle évidence ! Mais quel aveuglement que le mien ! Lui m'aimait inconditionnellement et ne posait aucune clause à son amour. Alors que moi oui. J'aimais au conditionnel, aussi m'était-il impossible d'imaginer, un seul instant, que la question contenait la réponse. 


Pour la deuxième fois, je rougissais de honte.

mardi 15 novembre 2011

Demandez et vous recevrez





En ce moment il m'arrive tout un tas de trucs bizarres en rapport avec l'argent. Il apparaît, il disparaît, je le perds, j'en retrouve ailleurs.


Deux exemples parmi les derniers en date : j'ai perdu 80 euros dans la rue. Oui, ça fait tout de même mal aux fesses, hein ? Mais non, ça ne m'a pas désespérée. Il y a un an je l'aurais très mal pris, j'aurais d'abord pesté, râlé contre mon étourderie, maudit le hasard, revu la scène mille fois, imaginé ce que j'aurais pu faire avec cet argent et ruminé ma malchance. Et quand je dis ruminé, c'est bien ruminé : de quoi faire un beau caca cérébral qui me bousille bien ma soirée, ma nuit et même ma semaine


Ben là (presque) rien. Je veux dire : évidemment ça ne m'a pas fait plaisir, mais ça ne m'a pas rendue malade comme on pourrait le croire. Je me suis juste dit un gros "miiiiiiiiince" puis "mais que veut donc me dire l'univers avec cette perte ?". Car non je ne crois pas au hasard. En mon étourderie qui me fait sortir mon téléphone pour prendre une photo à la volée et la publier sur Instagram dans la foulée et en faisant tomber les billets de ma poche, oui je crois. Mais pas que. 
Je crois que ça devait arriver, tout simplement.


Je ne dis pas ça pour minimiser mon erreur. Ca n'est pas le but. D'autant que mon chéri n'est pas du genre à me faire une scène pour ce genre d'incident. C'est juste que... c'est comme ça. Point. Je le sais, je le sens.


Autre exemple, qui date d'hier. Je suis allée faire quelques courses avec mes enfants au Monoprix. Deux gros calendriers de l'Avent, des oeufs Kinder (avec les sous de la Petite Souris), café, sucre, confiture... A la caisse pendant que les articles passent je me rends compte, un brin déconfite, que je n'ai peut-être pas suffisamment d'argent sur moi. Je fouille dans mes poches, dans mon porte-monnaie, au fond de mon sac. Mais, contre toute attente, le caissier m'arrête d'une phrase "vous avez les 75 centimes ?". 
Oui oui je les ai "mais il me manque bien cinq ou six euros". 
"Laissez". 
Plaît-il ?
"Laissez, c'est pour moi".
Je crois avoir mal compris. Mais non, il prend les centimes, encaisse la somme tronquée et me souhaite une bonne soirée. 
Euhhh c'est quoi le truc là ? C'est encore un signe de la vie, ou de l'univers, ou que sais-je ?? Je lui demande alors "mais vous êtes le Père Noël ?" et il me répond "oui parfois, pas pour tout le monde, et seulement si on me le demande".


Voilà.


Alors là laissez- moi vous dire que je suis sur les fesses.
Encore cette fois, je ne crois pas à un coup du hasard, ni à la chance. Ca me serait arrivé au marché, j'aurais dit ok, normal, les commerçants sur les marchés procèdent comme ça avec les clients qu'ils connaissent. Mais là c'était au supermarché, avec un caissier que je n'avais jamais vu ! Et ne me parlez pas de plan drague, il ne s'agit absolument pas de ça. Tout s'est passé super vite, avec un tas de gens qui attendaient derrière. Comme une apparition. C'était vraiment surréaliste.


L'argent ça va ça vient. Depuis très peu de temps, j'ai cessé de me préoccuper avec angoisse sur la manière qu'il a d'entrer dans ma vie. Avant c'était une grosse source de soucis, de peurs, de stress et même de disputes dans ma vie. Aujourd'hui je regarde les choses complètement différemment. L'argent doit circuler. Et peu importe comment, je sais qu'il entrera et qu'il sortira de ma vie comme un fleuve qui passe.


Il y a quelques jours j'ai dit à la Vie "vas-y, montre moi comment ça fonctionne. Montre moi que je ne dois plus m'angoisser pour ça". Elle m'a pris au mot.


Demandez et vous recevrez : en fait, ça marche vraiment comme ça.


Le  Coup de Patte, qui n'a plus de coups de sang

dimanche 6 novembre 2011

Un café et quelques milligrammes d'endorphines s'il vous plait




Avant-hier j'ai fait un truc de fou. 

J'ai fait du sport. Et croyez moi, vue l'aversion que j'éprouve pour toute activité physique mobilisant plus de trois muscles en même temps ET m'obligeant à porter une tenue adéquate mais moche, c'est vraiment un truc de fou (c'est peut-être pour ça qu'il pleut tellement tiens).

Alors pourquoi me direz-vous ?
Parce que j'attendais sans doute un déclic. Les grossesses, les allaitements (dont encore un en cours), le sédentarisme, les réveils la nuit pour les tétées, la préparation des repas (comprendre : goûter pour vérifier si c'est assez chaud / assez salé / assez cuit / assez sucré / assez onctueux / assez crémeux / assez parfumé... vous saisissez ?) ça va bien deux minutes (ou plutôt dix ans) pour justifier les écarts et les 20 kilos qui m'encombrent. Mais à un moment, faut que ça s'arrête.

Je le sais depuis longtemps, depuis des mois. Sans avoir toutefois trouvé l'envie ni la force de réagir. En ayant un peu pris l'habitude de cette carapace de peau que je trouve laide et que je prends soin de cacher sous mes vêtements.

C'est mon chéri qui m'a donné un électrochoc la veille au soir, alors que je m'apprêtais, joviale, à enfoncer mon couteau dans une barquette de Saint Moret pour agrémenter mon risotto, déjà dégoulinant de fromage gratiné. Un regard et un mot - les premiers - de mon homme ont liquéfié sur place ma jovialité et mon intempérance. 

Alors bien sûr je me suis vexée, bien sûr j'ai repoussé l'assiette et je n'ai rien mangé, bien sûr je suis allée me coucher sans manger mais (largement) drapée dans ma dignité de capitons froissés. Bien sûr j'ai eu faim. Bien sûr je me suis dit "mais comment ose-t-il", "mais qu'il est méchant", "mais qu'il se trompe d'abord", "mais que je suis pas grosse du tout".

Mais après avoir ruminé ma petite vexation bien fat, bien pourrie de vanité, bien pourvue d'oeillères, son regard et ses mots emprunts d'amour ont cheminé en moi. C'était quelque part ça que j'avais besoin d'entendre, besoin de lire dans ses yeux. Son amour, son inquiétude, ma vérité. Je me néglige, je maltraite littéralement mon corps. 

Le lendemain je suis descendue en catimini au rez-de-chaussée, dans une petite pièce pas vraiment emménagée où mon chéri a entreposé deux engins de torture (comprendre : des machines de fitness). La pièce, très sombre, est éclairée par un petit soupirail qui donne sur la vigne du jardin. Je soupirais en regardant le soupirail, consciente que cette petite prison d'effort pourrait peu à peu m'aider à me défaire d'une autre prison, un corps qui ne me convient plus.

J'avais emmené mon iPod et mon iPhone. Par contre je suis restée habillée telle quelle, en robe (oui c'est malin hein) et pieds nus. J'ai mis la musique et j'ai commencé à pédaler. Je m'étais dit à l'avance que pour une première fois, dix minutes ce serait un bon début. Je suis finalement restée 15 minutes, même si ça m'a paru mortellement long (très mauvaise idée de regarder l'heure sur l'iPhone toutes les 45 secondes).

Alors ce que j'en retiens :
- pédaler en musique c'est bien, mais on s'ennuie quand même méchamment. C'est ça que je déteste aussi dans le sport, je ne ressens aucun plaisir à en faire, ça fait mal, ça dure longtemps et on s'ennuie ferme. En salle de sport ou même devant la télé avec un programme de gym, je suis sûre que ça passe mieux.
- il faut bien choisir sa musique, à l'avance. Du rythmé mais pas trop. Je crois que maintenant je connais la cadence qui me convient pour le moment, plus lent ça ne demande pas assez d'effort, plus rapide c'est vite épuisant, et donc décourageant.
- il faut mettre des chaussures. Moches, oui (pour moi toutes les baskets sont moches, sans exception) mais indispensables.

Après 15 minutes d'effort, je suis remontée prendre une douche. Quand je me suis retrouvée devant le miroir, je me suis regardée et j'ai commencé par remercier mon corps. Je ne lui porte ni haine, ni dégoût, ni ressentiment. Il ne me convient plus, certes, mais je ne lui en veux pas pour autant. Au contraire, je lui suis reconnaissante d'avoir porté la vie, à plusieurs reprises. De l'avoir ensuite donné. D'avoir continué à la nourrir. Ces petits bourrelets plein de plis ont aussi fait partie de l'aventure de la maternité. Je les remercie d'avoir fabriqué un nid douillet, d'avoir nourri mes enfants, mais désormais je les autorise à partir. Ca peut paraître bête de faire ça, mais cette étape m'a fait du bien à l'âme, au moins autant que la douche à mon corps.

Quelle étrange expérience d'ailleurs, que de renouer avec des sensations que j'avais oubliées et que j'avais même cataloguées dans le tiroir des choses que je déteste. Solliciter ses muscles, transpirer (certes pas énormément en 15 minutes), sentir son coeur battre aux tempes, boire de l'eau, se doucher après l'effort, boire un café mérité...

Donc ça c'était avant-hier. 
Le lendemain j'ai remis ça. Et aujourd'hui aussi.

Bon cette fois je me suis habillée correctement, je n'y suis pas allée à l'arrache comme la veille ! J'ai attrapé un survêt noir, un t-shirt, mes baskets (qui devaient s'ennuyer ferme, les pauvres), ma musique et une bouteille d'eau. J'ai pédalé pendant 20 minutes hier, 25 minutes aujourd'hui. Je n'ai pas l'intention d'augmenter encore la durée, du moins pas pour le moment. J'ai peur que ce soit la meilleure manière de me décourager dans la longueur. 20 minutes c'est bien.

Par contre la semaine prochaine je rajoute une courte séance d'abdos. Vu leur état, je crois qu'ils me maudiront mais qu'ils m'en seront reconnaissants par la suite...

J'ai aussi pensé à ma meilleure amie qui crapahute régulièrement sur les cimes de montagnes, à la recherche d'oxygène, de sensations fortes, d'efforts et d'adrénaline. Elle m'expliquait, en bonne pharmacienne, que lorsqu'elle ne grimpe pas pendant quelques semaines, elle est littéralement en manque d'endorphines ! Courir, grimper, escalader, transpirer, elle n'imagine pas vivre sans, parce que ça lui fait du bien au corps, au moral, à la tête, à l'âme. 

Alors je vous attends les endorphines ! De pied ferme (et chaussé de baskets).

Le Coup de Patte, qui se donne des coups de pieds aux fesses (je vous laisse visualiser)


mercredi 2 novembre 2011

Le passé n'est que poussière





Le passé n'est que poussière de l'âme et l'avenir spéculation de l'esprit.


Ou quelque chose dans ce genre là.


C'est bête, je ne parviens absolument pas à me souvenir où j'ai lu (entendu) cette phrase dont j'ai approximativement retenu les mots. Grosso modo l'idée est là. 


Cette phrase correspond parfaitement à mon état d'esprit en ce moment. Elle revient régulièrement et gentiment me hanter dès que je permets au passé de reprendre le dessus avec tout son tralalas encombrant de fioritures, j'ai nommé (dans le désordre) : la culpabilité, les regrets, les remords, la nostalgie (pourrie la nostalgie, vraiment c'est un sentiment tout pourri), les questionnements sans fin, les "et si", la rancune, l'amertume et la rage.


C'est quoi finalement le passé ? C'est quoi tout ça ? Ca n'est plus rien du tout, ça n'est vraiment que poussière. Et le passé ne joue dans ma vie présente que le rôle que moi je lui permets de jouer


Je crois que c'est l'une de mes plus grandes découvertes. Le passé n'est pas un manteau ou une valise qu'on est obligé de se traîner tout au long de sa vie. C'est ce qu'on entend, ce qu'on nous fait croire, mais à tout moment on garde la liberté de le poser ce fardeau. Le poser, que dis-je : le soulever, le regarder, l'accepter, puis le laisser, voir le jeter, le brûler. 


S'alléger.


Et faire cela définitivement, naturellement, automatiquement.


J'ai fait un rêve, ou plutôt des rêves, il y a un peu plus d'un an. J'en reparlerai sûrement parce qu'il faut que je les fixe dans un récit. J'en ai envie même si j'appréhende de mettre des mots (forcément réducteurs) sur une expérience aussi incroyable que celle-là.


Dans mon rêve, quelqu'un (un homme, Dieu ? l'Univers ? la Vie ? on s'en fiche après tout) m'emmenait dans un jardin, mon jardin en fait, celui en bas de la maison. Pareil et pas pareil. Un coin du jardin était complètement sec, aride, poussiéreux, désertique, assoiffé je dirais. On ne m'a rien dit, mais en entrant sur cette petite parcelle de terrain je comprenais que je (re)posais les pieds dans ma propre enfance. 


Seigneur, que ce sol était sec, désolé, stérile et triste... En comprenant qu'il s'agissait de mon enfance, de mes parents, de moi petite fille, je me mettais à pleurer abondamment. Je pleurais en rêvant, en dormant. J'ai vraiment pleuré, pas seulement dans mon rêve, mais aussi dans mon lit. De gros gros sanglots de profonde tristesse et de désespoir total devant le spectacle de désolation qui s'offrait à moi. Non que j'ai eu une enfance malheureuse hein, il ne s'agit pas de ça. Mais elle était spirituellement très très aride. Humainement aussi, d'une certaine manière.


Je pleurais, mes larmes roulaient sur le sol craquelé par la sécheresse et... elles étaient aussitôt happées par l'aridité du lieu. Aucune chance qu'elles fertilisent quoi que ce soit : le sol était bien trop sec et hostile pour cela. Mes larmes étaient inutiles


J'esquissais alors quelques pas sur le côté, là où l'herbe était verte. Mes larmes roulaient sur la grasse prairie et miracle ! Tout  fleurissait. Le vert se teintait de couleurs magnifiques, luxuriantes, brillantes, joyeuses. Quelques pas à nouveau sur le côté... et le désert recommençait à boire mes larmes sans rien espérer en retour. 


Des larmes perdues, en vérité.


Et à côté, tout ce vert, c'était quoi ? Mon âme ? Mes enfants ? Mon homme ? Un peu de tout ça ? Aujourd'hui je comprends qu'au-delà des personnes qui me sont chères, cette prairie verte dont je dois me préoccuper c'est mon présent, tout simplement.


C'est marrant parce que des mots comme "Carpe diem", "enjoy", "profiter du présent", "seul le moment présent compte", ce sont des choses que j'ai entendu maintes fois, que j'ai moi-même prononcées. Mais ce sont des phrases que j'ai dites sans les penser, comme ça, parce que ça se dit. Comme on répète les paroles d'un Ave Maria sans s'en imprégner jusqu'au fond de l'âme. 


Maintenant je regarde ces phrases d'un tout autre oeil. J'essaie de les "vivre". Je les ai vues vivre. J'ai vu mon passé si sec et si dévoreur de larmes inutiles. Oui, ce n'est que poussière le passé. C'est juste un petit bout de jardin sec qu'il est inutile d'arroser, ce serait perte de temps et gaspillage d'eau. Le passé est un ogre qui nous dévore la cervelle, le coeur et nous empêche de profiter du moment présent.


Alors que cultiver le présent rapporte des fleurs vraiment merveilleuses.


Il était rude ce rêve. J'en ai beaucoup pleuré, parce que ça fait pas plaisir de regarder en face des évènements qu'on a toujours cru très heureux, en se disant qu'il est capital de s'en souvenir dans les moindres détails, et finalement découvrir qu'ils sont comme du sable sec qui file entre les doigts et qui n'a aucune espèce d'importance. 


Mais ce rêve m'a montré ce que je devais faire. 


Vole poussière, détache toi de moi !




Crédit image : The Complete Truth

dimanche 30 octobre 2011

Derrière mes doigts





Il y a moi, mes yeux, mon âme.


Je cherche devant moi, à l'extérieur, dans le regard de quelqu'un d'autre, dans des mots que j'attends, sur une carte que j'aimerais tenir entre les mains et que je peux qu'imaginer. Comme si c'était si simple qu'un tracé en relief sur un papier.


Enfermée dans ma tête et coincée entre mes oeillères, je cherche. 


Je sais que la solution est à l'intérieur de moi. 


Mais pour le moment je ne sais pas encore me lire moi-même.


Il paraît que le Chemin est le but. Alors je savoure tout de même ce chemin où j'ai l'impression d'avancer à l'aveuglette. 


Respire. Goûte. Ecoute.


Dedans.

samedi 29 octobre 2011

Détricoter tout ce que je croyais savoir





J'ai repensé encore et encore à ce que j'ai écrit il y a deux jours, car je n'étais pas totalement satisfaite de ce que je décrivais au sujet de mon enfance et de ce que me parents m'avaient  inculqué.


J'ai une autre comparaison, qui rendra davantage justice à ce que mes parents m'ont (toutefois) donné : je ne suis pas partie dans la vie complètement dépourvue de spiritualité. Loin de là. Ils m'ont donné des bases à la fois culturelles (c'est bien, mais pas assez) et "d'éveil", d'intérêt pour Dieu et pour la Vie. C'est comme s'ils m'avaient tricoté une écharpe géante pour me protéger du mieux possible, mais en se trompant. Les couleurs sont mal associées, l'écharpe est trop longue et pas assez large pour me couvrir le cou, elle est pleine de trous... mais la laine est là. 


Aujourd'hui je n'ai pas pris de gros ciseaux pour massacrer cette écharpe dans tous les sens, avec rage. 


Non, je la défais patiemment (et sentimentalement j'avoue que c'est parfois difficile de se séparer de cette écharpe certes mal fichue, mais néanmoins tricotée avec amour par mes parents). 


Je détricote. Je trie les fils. Je les pose. Je prends du recul. Et je retisse l'écharpe telle qu'elle doit être.


Et je suis reconnaissante à mes parents de m'en avoir fourni la laine. Même s'ils se sont trompés.